sábado, 24 de septiembre de 2011

Une voix / Una voz

Toi que l’on dit qui bois de cette eau presque absente,
Souviens-toi qu’elle nous échappe et parle-nous.
La décevante est-elle, enfin saisie,
D’un autre goût que l’eau mortelle et seras-tu
L’illuminé d’une obscure parole
Bue à cette fontaine et toujours vive,
Ou l’eau n’est-elle qu’ombre, où ton visage
Dans la rue - Constantin Guys
Ne fait que réfléchir sa finitude ?
— Je ne sais pas, je ne suis plus, le temps s’achève
Comme la crue d’un rêve aux dieux irrévélés,
Et ta voix, comme une eau elle-même, s’efface
De ce langage clair et qui m’a consumé.
Oui, je puis vivre ici. L’ange, qui est la terre,
Va dans chaque buisson et paraître et brûler.
Je suis cet autel vide, et ce gouffre, et ces arches
Et toi-même peut-être, et le doute: mais l’aube
Et le rayonnement de pierres descellées.






Tú, que dicen que bebes de esa agua casi ausente,
recuerda que a nosotros nos huye, y háblanos.
Pues ella, la inasible, cuando al fin se la alcanza,
¿tiene un sabor distinto al del agua mortal,
y estarás tú alumbrado por oscura palabra,
bebida en esta fuente y siempre viva,
o el agua es una sombra, en que tu rostro
su finitud refleja solamente?
— No lo sé, ya no existo, el tiempo acaba
como un sueño que en dioses ocultos se desborda,
y también como un agua tu voz se desvanece
de ese lenguaje claro y que me ha consumido.
Puedo vivir aquí. El ángel, que es la tierra,
aparece y se abrasa en cada arbusto.
Soy ese altar vacío, la hondonada, los arcos,
y la duda, y tú mismo, quizá; pero también
la aurora y el fulgor
cuando se rompe el vínculo de las piedras selladas.




Yves Bonnefoy

De: Pierre Écrite / Piedra Escrita
Dentro de: Yves Bonnefoy Antología, traducción: Enrique Moreno Castillo, Ed. Lumen, España 1977



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